Au fil des jours, les sujets cheminent…
Modeler, mouler, estamper, ébarber, lisser… cuire puis peindre…
Au fil des jours, les sujets cheminent longtemps entre mes mains avant d’être délicatement posés sur une étagère.
Les étapes de travail, les gestes répétés se suivent et se croisent dans l’intimité de l’atelier.
Chacune d’entre elles conditionne la suivante, le soin apporté à chaque manipulation détermine le résultat final.
Le modelage donne naissance à un sujet. Son choix évoque l’expression d’une émotion, d’une expérience, toujours d’un désir. Il prend corps doucement, d’après l’image projetée par l’esprit. Chacun s’adapte à mesure que le sujet se forme de plus en plus précisément entre mes mains.
Une fois abouti, enfin « parfait », nous entrons dans la phase de fabrication du moule destiné à la reproduire ce prototype original.
Quelle que soit la technique et la terre employée,
en premier lieu je donne forme aux sujets
à l’aide de l’argile et des moules.
Ici je pratique l’estampage.
J’ai calibré puis inséré un boudin de terre
sur une partie du moule,
avant de le presser fortement
et d’en extraire le santon.
Je peux également couler une barbotine (terre liquide)
pour travailler avec des moules très volumineux.
Elle nécessite une préparation préalable
pour avoir la consistance d’une pâte à beignets,
sans grumeaux ni bulles d’air.
C’est le moment lorsque la terre est encore fraîche, d’apposer ma signature sous le socle.
Posés sur une plaque de bois les santons sont ensuite laissés à l’air libre, et l’eau contenue dans la terre s’évapore peu à peu.
Quelque temps plus tard ils sont suffisamment fermes pour être ébarbés. A l’aide d’outils de modelage adaptés au sujet, je retire avec précision la couture formée par la jointure du moule.
La main suit les contours du santon et redonne les détails disparus.
Ils sont ensuite sagement alignés pour le séchage.
Pas si simple, c’est une véritable alchimie entre le volume du sujet et l’humidité contenue dans l’air.
Plus tard la couleur de la terre a bien changée,
les santons sont légers,
ils s’effritent sous l’ongle… Ils sont secs.
A l’aide d’une fine éponge ou d’un pinceau réservé à cet usage
on en retire le grain, la poussière,
et on lisse une dernière fois les surfaces.
Il s’agit de retirer les dernières imperfections avant la cuisson.
A chaque santonnier sa programmation !
Les sujets finissent de sécher au four,
3h pour arriver jusqu’à 120° !
Puis le petit feu et enfin le grand feu.
Au bout de 8h, la cuisson va s’interrompre à 980°.
Il lui faudra bien 12h pour redescendre à une température permettant d’ouvrir le four.
Le cycle complet ? Compter 24h …
La peinture est fluide et le pinceau glisse…
les teintes sont successivement posées sur l’argile cuite.
Les santons sont ensuite soigneusement patinés,
ce qui leur apporte un aspect soyeux tout en fixant la couleur.
C’est l’ultime étape qui donne vie aux sujets,
qui pourront être agrémentés d’accessoires miniatures.